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Les déplacements permanents pour des motifs divers et variés, les bavardages incessants, les trousses qui tombent, les classeurs qui s’ouvrent tout seuls, les contenus des casiers qui se déversent sur le sol…
Tu es épuisé(e) quand la journée se termine et les bavardages te minent le moral. Cela fait du bruit, un brouhaha permanent qui nuit à la concentration, fait mal à la tête, excite et renvoie une image dégradée de ton travail.
Une image dégradée à tes yeux car tu penses que ton cours est peu captivant ; une image abimée aux yeux de certains de tes collègues qui ont des classes où on entend les mouches voler et enfin aux yeux des parents d’élèves pour qui silence en classe est synonyme de maîtrise et d’autorité naturelle.
Voici quelques conseils pour avoir des élèves « calmes et attentifs » et disponibles pour les apprentissages.
Mais d’abord, pourquoi tes élèves bavardent-ils ?
Les élèves ne bavardent pas tous en classe pour les mêmes raisons. Les bavardages sont le symptôme de quelque chose que tu prendras en compte si tu veux gagner la paix.
Petit tour d’horizon de ce qui pousse les élèves à prendre la parole sans ton autorisation :
A) Attirer l’attention
Et oui. Tout simplement. Ton incorrigible bavard veut que tu saches qu’il est bien là. Au lieu de participer à ton cours (ce qui serait le plus logique), il se penche vers son voisin et lui parle à voix basse, se retourne et recommence, se fait gronder mais dès que tu tournes le dos et que tu écris au tableau, il remet ça… Il est un peu narcissique et sans s’en rendre compte, fait en sorte que ta gestion de classe tourne autour de sa petite personne…
B) Soigner son mal-être
Il existe des élèves qui vivent mal leur vie d’enfant ou d’élève. Perturbés, ils trouvent dans des actes de violence un palliatif à leur mal-être Le bavardage intempestif et répété est une forme de violence contre celui qui mène le cours. Il est tourné vers le professeur qui est la représentation de l’institution et de l’autorité.
C) Affirmer son autorité
C’est un comportement de leader. Un peu négatif.
Le bavard est celui qui ose enfreindre les règles et/ou les adapter. Il affirme son autorité sur le groupe. Il ose ce que d’autres craignent.
D) Tisser des liens avec ses pairs
C’est le cas typique de l’enfant qui n’a pas eu assez de la récréation pour jouer avec les autres. Ce ne sont pas les jeux qui lui manquent mais les relations avec ses pairs, les échanges qu’il a avec eux. Frustré, il continue en classe les conversations qu’il n’a pas eu le temps de terminer dans la cour. Il ne voit pas où est le mal car il se pense sans doute très discret. Ayant un besoin d’amitié très fort, il met sur le même plan le travail de la classe et sa vie personnelle. Il ne hiérarchise pas : les savoirs, l’autorité de l’enseignant, ses amis, tout cela se vaut.
E) Tuer l’ennui
Pour celui-ci, c’est clair, c’est toi qui l’ennuies. Ton cours le barbe ! Il le trouve trop long, pas clair, ennuyeux, sans intérêt. Bavarder lui permet de trouver le temps moins long.
F) Manifester son incompréhension du fonctionnement de la classe
Lui, il n’a pas du tout compris tes règles de fonctionnement. Parfois, il faut se taire, parfois il faut parler. Quelquefois, il est autorisé à parler avec les autres et tout à coup c’est strictement interdit.
Il n’est pas le seul dans ce cas. D’autres bavards le rejoignent dans la danse. Mais il est fréquent que des élèves mutiques soient touchés par le même problème.
Deux symptômes différents et opposés pour un même problème… La non compréhension des attendus de l’École.
G) Masquer sa difficulté scolaire
A l’école primaire, les élèves en difficulté sont en règle générale discrets. Ils auraient tendance à se faire oublier. Mais les années passants, ils finissent par se lasser de s’excuser d’être là et se montrent moins bien gérables. Le bavardage et la prise de parole intempestive révolutionnent un cours et mettent par terre la préparation du professeur. Passer 6 heures par jour à faire des choses que l’on ne comprend pas est d’une grande violence. Imagine-toi dans ce cas et toi aussi après t’être fait discret(e) un certain temps, tu te révolteras. Au collège, ces élèves stoppent le bavardage pour simplement décrocher. Ils sèchent et ne font plus rien. C’est l’échec scolaire.
Quelques principes de base
ÉTAPE 1 : POSE UN CADRE BIENVEILLANT ET AUTORITAIRE
As-tu défini avec ta classe les règles de vie ?
As-tu établi des règles de vie en commun ? Et surtout as-tu consacré du temps à les mettre en pratique ?
Tes élèves comprennent-ils quand ils doivent se taire et quand il est autorisé de prendre la parole ?
Tout cela a-t-il été posé par écrit dans un règlement pour s’y référer ?
ÉTAPE 2 : SOIS FERME ET CONSTANT(E)
Qui dit règlement de classe, dis respect des règles de la part de tous. Pas de favoritisme, pas de dérogation. Tu enfreins une règle, on te le signale. Tu recadres. Point.
Les enseignants qui ont une classe organisée et « sage » tiennent la parole donnée. Un règlement de classe est établi et respecté. Il est juste et constant. Ces enseignants montrent l’exemple en préparant rigoureusement leur travail mais en respectant eux-aussi le règlement de l’école. Pas de retards, pas de prolongement de récréation, une surveillance active dans la cour, de la bienveillance face aux élèves qui se blessent…
ÉTAPE 3 : SOIGNE TES ENTRÉES, SORTIES ET TRANSITIONS
Les entrées et les sorties de la classe se font dans le calme et l’organisation. La classe se déplace en rang deux par deux, en faisant des pauses pour s’assurer du calme. Zéro bruit à l’entrée en classe. Un moment de silence quand on s’assoit à son bureau. Alors le cours peut commencer.
Entre chaque séance, les tables sont rangées et un très court moment de calme est programmé. Les élèves restent en position d’attente tant que le silence n’est pas complet. C’est seulement à cette condition qu’une nouvelle consigne est donnée.
On ne sort jamais en récréation ou à 16 h 30 en ayant laissé derrière soi un chantier. Tout est rangé.
Si tu tiens cela, sans jamais y déroger, non seulement ce ne sera pas long à obtenir mais tu verras que les élèves apprécient cette organisation car elle les place dans un cadre serein et rassurant.
ÉTAPE 4 : CRÉE UN ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL DIVERSIFIÉ ET RYTHMÉ
Sur une journée, jamais plus de 45 minutes sur une séance. C’est le maximum que des cycle 3 supportent. C’est déjà long pour des cycle 2… Au-delà, il y a du décrochage.
Tu le repères aux bavardages qui se propagent aux plus sages !
Alterne les formes de travail : en individuel, en binômes, en groupes, et ainsi de suite.
Surtout précise les règles à chaque fois.
Ex : « lorsque je passe la consigne, personne ne parle… Lorsque tu travailles en groupe, tu es autorisé(e) à parler avec tes camarades mais lors de la mise en commun tu dois lever le doigt si tu veux participer… Lorsque tu travailles seul sur ton cahier, tu ne parles pas… »
Pour le travail individuel, les élèves restent à leur place et sont concentrés, sans bruit. Tu ne tolères pas les bavardages.
Pour le travail de groupes, de recherche, il te faut des tables regroupées, des pôles de travail où les élèves échangent librement.
Pour les travaux d’arts, les élèves peuvent changer de place, discuter pendant qu’ils travaillent et même se déplacer. Tant que le travail avance.
Sois flexible mais précise les règles !
Bref, explique à tes élèves qu’il existe des conversations de travail (le cas du travail de groupes) et des bavardages (lorsque tu parles à un moment où tu n’en pas le droit).
ÉTAPE 5 : CRÉE DES ESPACES DE DIALOGUES
– Mets en place des mises en commun où les élèves présentent leurs stratégies de travail aux autres
– Mise sur le cours dialogué en faisant de l’humour et un peu de théâtre
– Instaure des débats quand tu sens qu’ils ont envie d’aborder un sujet
– Planifie des conseils d’élèves pour résoudre les tensions
– Explique-leur en quoi le bavardage nuit à tous : responsabilise-les
QUELQUES TUYAUX POUR TE FACILITER LA VIE ET T’AIDER À GÉRER CES ÉLÈVES SI BAVARDS :
CELUI QUI…
– ATTIRE L’ATTENTION
Signale-lui que tu l’as vu, sollicite-le pour rappeler une consigne, donner un exemple, rappeler aux autres les devoirs, ce qu’il faut mettre dans le cartable avant de repartir à la maison…
– SOIGNE SON MAL-ÊTRE
Rassure-le, aide-le, accompagne-le, demande-lui ce qu’il veut. Ne le laisse jamais dans l’inconnu. Place-toi physiquement à ses côtés et pose une main bienveillante sur son épaule à l’occasion.
– AFFIRME SON AUTORITÉ
Donne des responsabilités, fais-le passer au tableau, désigne-le rapporteur de son groupe de travail
– TISSE DES LIENS AVEC SES PAIRS
Propose-lui des recherches en groupes, en binômes, un tutorat, le parrainage de plus petits
– TUE L’ENNUI
Ne fais pas de séances orales trop longues, ne surcharge pas d’informations, fais beaucoup lire et écrire, fais passer souvent au tableau, fais de l’humour, théâtralise, fais-en des kilos !
– MANIFESTE SON INCOMPRÉHENSION DU FONCTIONNEMENT
Explicite tout, dis quand on peut parler, quand on ne peut pas, explicite toutes les consignes, toutes les phases de travail, mets-le avec un élève débrouillard qui pourra un peu le « coacher »
– MASQUE SA DIFFICULTÉ SCOLAIRE
Fais des groupes de différenciation, montre-lui comment obtenir un résultat juste, réexplique-lui en APC, donne-lui en moins à faire et propose toujours à un camarade de l’aider !
Une devise : si tu veux être compris(e), explicite-le !
Et rappelle-toi :
« L’enfant qui participe à une activité qui le passionne se discipline lui-même »
Célestin Freinet