Les cahiers…
Les piles de cahiers à l’école élémentaire. La pile bleue, la jaune, la verte, la rouge etc.
Qui s’entassent sur ton bureau. Qui s’écroulent parfois.
Si tu as une classe de CM1 ou de CM2, je pense que tu vois ce dont je parle…
C’est le cauchemar de tous les professeurs des écoles. Certains ne viendront jamais en cycle 3 pour cette raison.
Tu sens bien que ces corrections mangent tout ton temps, et qu’une fois terminés les rendez-vous avec les parents, il ne te reste plus assez d’énergie pour faire ce que tu préfères : imaginer une belle séance de classe !
Tu voudrais éviter ça mais tu n’arrives pas à lâcher-prise car la correction des cahiers te donne la garantie que tes petits élèves ont bien travaillé, qu’ils vont pouvoir montrer tout cela à leurs parents. N’oublions pas qu’en élémentaire les parents signent les cahiers régulièrement. Ces corrections sont donc la preuve d’un travail fait et bien fait.
Une chose que tu sais : donner beaucoup de travail écrit rend les élèves actifs et les classes « écrivantes » (désolée pour cette petite invention pédagogique) sont au travail. Donc calmes. Les élèves y sont sages. Alors pas facile de lâcher ça. Surtout si tu enseignes dans des milieux favorisés où cela compte d’avoir des cahiers bien remplis…
Alors, comment garder ton degré d’exigence et ne pas y laisser ton énergie ?
Car c’est de cela qu’il s’agit. Continuer à demander à tes élèves de s’investir à fond dans la classe tout en gagnant du temps pour toi. Bref, ne plus faire des semaines de 50 heures.
Cependant, tu as raison d’être exigent(e) sur la quantité d’écrits à donner aux élèves.
Les élèves qui ont travaillé essentiellement sur photocopies, sur ardoise, sur brouillons et qui ne sont pas assez entrainés en rédigeant les contenus des exercices sur les cahiers du jour ou qui n’ont pas assez copié de traces écrites sur les autres cahiers s’en sortiront moins bien au collège.
Cependant, il faut savoir doser et surtout s’appuyer sur des stratégies pédagogiques qui profiteront à tes élèves car elles les rendront plus autonomes et responsables. Et par ricochet, t’épuiseront moins.
Dans quel ordre prendre les choses ?
1) Se dire qu’il existe des façons de procéder tout aussi efficaces que le fait de donner beaucoup de travail écrit dans les cahiers
2) Accepter de lâcher-prise. Tu ne peux et tu ne dois pas tout contrôler !
3) Être convaincu(e) que les échanges verbaux entre pairs font progresser aussi vite que des tonnes d’écrits
4) Garder une place importante pour les exercices écrits sur les cahiers du jour
5) Corriger, mais en fin de parcours (pas tous les jours !)
6) Faire de la correction collective un moment de recherche
7) Miser sur l’autonomie de travail plus que sur la quantité d’écrits à produire
Un exemple concret ?
La recherche en groupe qui dédramatise l’erreur
Tu viens de faire une leçon sur l’attribut du sujet. Imaginons qu’il s’agit d’une classe de CM2. Et tu voudrais bien voir ce qu’ils ont compris de tout cela en donnant une série d’exercices.
Ça en fait pas mal. Il faudrait s’assurer qu’ils savent reconnaître un attribut dans une phrase, dans un texte, qu’ils ne confondent pas avec un COD, qu’ils l’accordent correctement…
Aie, Aie ! Que de travail de correction en vue.
Après avoir fait rappeler les règles sur cette leçon, propose un exercice sur « accorder l’attribut du sujet ». Propose un temps de réflexion au brouillon en individuel pendant 5 minutes. Puis demande-leur par binôme ou triplette de faire ensemble l’exercice avec tous les outils de la classe à portée de main pendant 15 minutes. Les traces écrites du cahier de références par exemple. C’est l’occasion de leur montrer que cet outil de classe en est vraiment un. Qu’ils s’en servent comme d’une ressource. Utile et pas seulement rébarbatif. Et pendant le quart d’heure restant, laisse-les recopier leur travail sur les cahiers du jour ou d’exercices. Beaucoup d’erreurs devraient avoir disparu.
Surtout remets la mise en commun à plus tard. Le temps pour toi de corriger les cahiers. Que de temps gagné par rapport à tes corrections habituelles. Mets une croix au début de la ligne mais surtout ne corrige pas toi-même. Classe tes cahiers en fonction des erreurs commises. Repère qui il te faudra interroger en priorité le lendemain et surtout prépare ton questionnement pour l’aider à arriver à la solution. Bâtis ton questionnement sur l’erreur qui revient le plus souvent, sur l’erreur à laquelle il faut absolument tordre le cou…
La mise en commun qui donne corps à la leçon apprise
Voilà. Tout est prêt pour une mise en commun riche et organisée. 100% efficace. Grâce à sa focalisation sur les principales erreurs des élèves.
Tu n’as plus qu’à leur demander toute leur attention, de laisser les cahiers dans les casiers. Et oui, ils vont devoir écouter car ils corrigeront en vert ensuite. Une fois que tu auras tout effacé du tableau !
Affiche des erreurs au tableau. Sans dire qui s’est trompé. Laisse de côté ce qui aura été réussi.
Lance le débat : pas juste pourquoi ? Et interroge certains que tu as repérés et dont tu sais que l’attention doit être à son plus haut niveau, puisqu’ils se sont trompés !
Encore une autre organisation ?
Les ateliers tournants avec plan de travail
Crée des pôles de travail, des ateliers dans lequel tu mises sur l’autonomie et la rotation pour garder l’attention constante. Programme cela en fin de séquence. Ce sera une session de révision générale. Différent du cours magistral avec ses tables en autobus, place tes bureaux d’élèves face à face pour créer au moins 6 pôles de travail. Les groupes (hétérogènes) y travaillent 10 minutes avant de passer à l’atelier suivant. Une sonnerie retentira quand il faudra procéder à une rotation.
L’auto-correction comme moyen d’apprentissage
Prends un atelier en charge : celui qui est le plus difficile ou qui demande le plus d’accompagnement. Comme par exemple savoir rédiger un court texte décrivant un personnage avec utilisation de plusieurs attributs du sujet.
Pour les autres, laisse-les travailler avec fiches auto-correctives.
En fait, fais moins mais mieux.
Et rappelle-toi : « l’autonomie est une condition de l’efficacité » (Jacques Lang)
Et pour être encore plus efficace, télécharge notre kit